Se souvenir et apprendre

Lors de Renouveau 2027 – ‘L’Esprit Saint nous transforme’ à Kisumu (Kenya), le 21 avril 2018, plusieurs personnes ont témoigné des changements accomplis par l’Esprit dans l’Église. Les articles suivants décrivent l’œuvre du Saint-Esprit qui transforme les vies.


Comment rendre justice à l’œuvre du Saint-Esprit ? Très souvent, son action dans ma vie a été convaincante, mais en même temps, elle a défié ma capacité à la comprendre, et plus encore à l’exprimer.

J’ai vu le Saint-Esprit à l’œuvre dans la vie de l’église, permettant à des groupes désorientés de prendre des décisions. J’ai vu le Saint-Esprit à l’œuvre dans ce monde incrédule, une incrédulité surprenante alors que Dieu y est présent. Et j’ai vu le Saint-Esprit à l’œuvre dans ma propre vie de manière prévisible, essayant de faire de moi quelqu’un de moins égoïste et moins destructeur.

L’œuvre du Saint-Esprit est peut-être la dimension la plus ineffable et la plus subjective de notre expérience spirituelle. Ce verset m’a toujours fasciné : ‘De même, l’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables […]. (Rm 8:26).

C’est ce que j’ai vécu lorsque j’essayais d’implanter une église.

Une époque décourageante

J’étais pasteur en milieu urbain. C’était compliqué : une église en partie en devenir, en partie établie, mais petite et souvent instable. Il y avait pourtant des gens exceptionnels.

Ce travail m’a appauvri, et ce n’était pas une pauvreté romantique. J’essayais de travailler avec des personnes qui souffraient de problèmes apparemment insolubles. Cela ne se passait pas bien. Je sentais que le rôle pastoral était peu respecté, mais il me semblait aussi que je devais être un pasteur particulièrement faible pour être si sensible.

Pourquoi ne pouvais-je pas faire plus confiance, croire que Dieu est présent et que ce que je faisais était vraiment important ?

En tout état de cause, la vie ne semblait pas mener au succès, au bien-être, à l’amour et à la chaleur d’une communauté heureuse. C’était davantage comme un mariage difficile. Ce n’était certainement pas ce que j’avais espéré quand j’ai quitté ma vie de musicien en herbe pour fonder une église.

J’avais l’impression de perdre des années (pas des mois, des semaines ou des jours) et du talent (pour autant que j’en avais) et de l’énergie. Pire encore, j’avais l’impression d’être complétement épuisé et de n’avoir rien à montrer. J’avais peu de pouvoir, ni de confort matériel, à offrir à ma famille qui vivait cette expérience avec moi.

Cela faisait mal, et je le dis honnêtement, cela fait toujours mal !

Une vision de l’abondance

Une soirée d’été chaude et douce, je méditais (je me plaignais surtout) à ce sujet, regardant l’allée huileuse conduisant à mon garage. A moitié dans la prière, à moitié dans l’introspection, j’ai vu une image : de l’eau était versée dans un seau troué, et je la regardais s’écouler le long de cette allée (!).

J’en étais arrivé à ressentir une sorte d’apathie concernant l’apathie elle-même. Cela semblait juste triste et futile, mais il semblait que c’était mon destin. Où était Dieu ? Pourquoi gaspillait-il ‘notre’ temps et ‘nos’ ressources ?

À ce moment, je crois que le Saint-Esprit m’a parlé. Je n’ai pas entendu de paroles, mais les impressions m’ont semblé authentiques et non la création facile de mon imagination fertile.

Ma force et mes ressources sont certainement limitées et imparfaites, mais l’eau vive de la Parole de Dieu que je tentais de répandre dans le monde n’est pas une ressource limitée. Elle ne peut s’épuiser et ne m’appartient pas vraiment, de toute façon. Cette eau ne s’épuisera pas à sa source. Qui sait où toute cette eau qui se déverse sur le sol se déversera finalement ? Cela fait partie d’une histoire plus vaste que je comprends peut-être, ou peut-être pas.

La situation n’a pas changé. Mais d’une manière ou d’une autre, j’ai réalisé que même si elle était frustrante, je pouvais connaître la paix de Dieu. Cette paix pourrait parfois être insaisissable ou vague. Pourtant, elle était réelle et pouvait devenir très présente en cas de besoin.

Depuis lors, j’ai dû souvent me rappeler, et réapprendre, cette vérité sur la présence de Dieu ; mais quand je le fais, je suis ramené à cette soirée et je vois un seau et de l’eau qui en coule.

Cela dépassait toute compréhension, et c’est toujours le cas.

—Reuben Sairs est instructeur et bibliothécaire à Rosedale Bible College et pasteur associé de la London Christian Fellowship à London (États-Unis), une église de la CMC (Conservative Mennonite Conference).

 

Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’octobre 2018 de Courier/Correo/Courrier.

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