PA 2015 : ce que je ramène chez moi

Paulus Hartono (Indonésie)

Être mêlé à la foule présente à PA 2015 a fait réfléchir Paulus Hartono (Indonésie) sur les débuts de sa vie et sur le peu de chances qu’il avait de se trouver à Harrisburg…

Élevé dans une famille bouddhiste, Paulus est maintenant pasteur mennonite et il est très engagé pour la paix à Solo, Surakarta, au centre de Java (Indonésie), où la communauté musulmane est importante.

« À l'école primaire, on m’a enseigné l'islam. Mes amis allaient à la mosquée, alors j’y suis aussi allé, et finalement je suis devenu imam. Je me rends compte maintenant que je ressentais l'appel à être pasteur, mais je ne connaissais pas Jésus.

Quand je suis devenu chrétien et que j’ai été baptisé en 1984, j’ai pris le nom de Paulus. »

Engagement pour la paix

Dès ses débuts en tant que pasteur, l'engagement de Paulus a été clair : « Notre assemblée a démarré en 1994 avec 40 membres et la vision d'être une église de paix ».

Des organisations mennonites nord-américaines lui ont donné des idées pour mettre sa vision en pratique. « En 1997, j'ai découvert le travail de secours, d’aide et de développement du Mennonite Central Committee. En même temps, j’ai été influencé par le témoignage et la mission mondiale de Eastern Mennonite Missions.

J’ai appris l’existence de Mennonite Disaster Service en 2002. Et en 2005, peu de temps après que le tsunami ait frappé l'Indonésie, notre église a commencé Indonesia MDS, Mennonite Diakonia Service. Nous associons témoignage, secours, développement et transformation des conflits.

En 2007, j’ai suivi la formation sur la transformation des conflits et la guérison des traumatismes, proposée par l’Eastern Mennonite University. Nous avons adapté ces idées pour l'Indonésie et nous les associons à notre travail de témoignage et de développement ».

Écrire l'évangile avec nos vies

« Maintenant, en 2015, il y a deux paroisses mennonites à Solo, 400 membres en tout. Nos églises mennonites travaillent activement à la réconciliation entre musulmans et chrétiens. Nous avons beaucoup de relations avec nos voisins musulmans, dont un groupe musulman radical, qui participe à un cours que nous proposons sur la transformation des conflits et le secours aux sinistrés.

Le président de l'Indonésie cherche actuellement la réconciliation avec la Papouasie, une partie de notre pays où les mennonites ont mis en place un programme de transformation des conflits et de guérison des traumatismes. Il nous a demandé de l’aider à travailler sur ce dossier de manière pacifique.

Je pense que l'Église doit développer des relations avec les musulmans afin qu'ils puissent lire l'évangile dans nos vies.

Paulus a animé deux ateliers à PA 2015 : ‘’Marcher’ dans la Tragédie : l'Église mondiale répond aux catastrophes naturelles’ et ‘Pratiques et Dialogue interreligieux sur la Paix en Indonésie’.

Être ici, rencontrer de nombreux pasteurs dans une atmosphère spirituelle, m'a donné beaucoup de courage » dit Paulus tranquillement.

Barbara Hege-Galle, Allemagne

La première fois que Barbara Hege-Galle, de Bammental (Allemagne), a assisté à un Rassemblement de la CMM, c’était en 1984 à Strasbourg (France), où elle a dirigé le programme des enfants. Mais elle était si prise par ses responsabilités qu'elle n’a eu qu’une petite idée de la partie concernant les adultes.

« J’ai décidé d'aller au Rassemblement suivant, en 1990 à Winnipeg (Manitoba, Canada), pour participer, et après cela, j’ai su que ce ne serait pas mon dernier Rassemblement ! »

Depuis lors, Barbara a participé à la CMM de plusieurs façons : en tant que membre du Conseil Général, de la Commission Diacres, du comité de coordination du Réseau Anabaptiste Mondial d’Entraide, et maintenant en tant que membre de la Commission Mission.

Barbara est directrice exécutive de Christliche Dienste, un programme mennonite d’entraide, parrainé par les églises mennonites d’Allemagne. Elle fait aussi partie de l'équipe de direction de l'assemblée mennonite de Bammental, où elle a été ordonnée prédicatrice.

Au-delà des assemblées locales

Pourquoi ne veut-elle pas manquer un Rassemblement de la CMM ? « Parce que ce rendez-vous mondial nous permet de dépasser notre vision de l’assemblée locale. Cette rencontre me motive.

Cette fois-ci, j’ai été vraiment encouragée à me concentrer sur nos spécificités anabaptistes ; non parce que c’est notre tradition particulière, mais parce que c’est ce que nous croyons. En Jésus nous avons la paix. S’il peut donner force et courage à quelqu’un comme Paulus Hartono, nous pouvons tous faire plus que simplement être tranquillement membre d'une paroisse qui ne fait pas de bruit.

Dans mon travail, j’ai maintenant des partenaires dans d'autres pays – et je les rencontre ici. En Allemagne, nous travaillons avec ces frères et sœurs quand je place des jeunes de 18 à 20 ans pour faire un travail bénévole dans leurs pays. »

Spiritualité communautaire

Que ramène Barbara chez elle ? « Quand j’aurai un sermon à faire, j’intégrerai certaines de mes expériences. Je ne sais pas encore comment. Les classes bibliques de notre paroisse pourront aussi en bénéficier.

Un de nos responsables est très attaché à la pratique et à l'enseignement de la méditation, en particulier concernant ce que Dieu dit à chacun. Mais certains disent que c’est une approche trop individualiste et que nous avons besoin de quelque chose de plus communautaire.

Ici, à PA 2015, je commence à entrevoir ce dont nous pourrions avoir besoin. Ce n’est qu’une idée à ce point. J’aime cette place donnée à la méditation, mais ce n’est pas la seule forme de spiritualité. Je m’en suis souvenue ici. »

Mthokozisi Ncube et Morgen Moyo (Zimbabwe)

C’était la première fois que ces deux administrateurs d'écoles secondaires du Zimbabwe (frères en Christ) participaient à un Rassemblement de la CMM.

Mthokozisi Ncube, de l'École biblique Eiluphileni, est venu pour « la communion fraternelle et pour découvrir ce que font les autres. Je ne suis pas seulement zimbabwéen, je suis anabaptiste et je fais partie d'une famille internationale. Je voulais m’asseoir avec mes frères et sœurs et connaître leurs expériences et la manière dont Dieu agit dans leur vie. »

Les Groupes d'Amitié [qui se réunissaient tous les jours après le culte du matin] sont un bon moyen pour apprendre à connaître les autres. Nous nous sommes fait des amis. Nous avons échangé nos adresses électroniques. Nous espérons développer cette communion.

J’ai été encouragé à m’engager davantage dans la mission, et à être en paix avec moi-même et ma famille, ceux avec qui je vis. Voilà ce que je ramène chez moi.

Oh, et j’ai entendu que douter n’est pas toujours mauvais ! Cela peut être utile ». (‘En marche avec des doutes et des convictions’ était le thème du 22 juillet.)

Interagir et apprendre

Morgen Moyo est le principal de l’école secondaire de Mtshabezi. À PA 2015, il a été vraiment béni par les chants. « Je désirais savoir comment les autres louent [Dieu]. Je voulais apprendre d'eux. J’en ai eu l'occasion ici, dans notre Groupe d'Amitié. J’ai participé et appris ».

Mthokozisi rajoute « Et j’ai vraiment apprécié les jeunes intervenants lors des cultes. C’est une idée que je ramènerai chez nous. »

Unité d'esprit

J’ai découvert quelque chose d'autre : quand nous nous promenions dans les rues de Harrisburg, personne ne nous saluait. Mais chaque fois que nous entrions dans la salle à manger de PA 2015, on nous regardait, nous souriait et nous accueillait. Toujours. Je ne me sentais pas différent. Nous étions unis.

En fait, une chose que je n'ai pas aimée, c’était, en entrant dans les toilettes du bâtiment, de me voir dans les grands miroirs. Alors, je voyais que j’étais différent. Je ne le sentais pas le reste du temps ! »

Célébrer les différences

Morgen a une suggestion pour les futurs Rassemblements. « Pourquoi ne pas offrir des repas de différentes cultures pendant la semaine ? La journée de l'Afrique, on pourrait avoir de la nourriture africaine, et ainsi de suite. C’est peut-être être difficile à faire, mais pourquoi pas ?!

La planification et l'organisation de cet événement étaient très bonnes. Nous avons tout particulièrement apprécié qu’il n’y ait pas de ‘glamour’. »

Mais pour Mthokozisi, les inégalités dans le monde ont refait surface en pensant à son retour chez lui. « Chez nous, les courriels n’arrivent pas souvent, ni les appels téléphoniques. À la campagne, c’est difficile de recevoir des messages. Nous espérons que nos nouvelles amitiés et connexions dureront quand même ».

Todd Friesen, États-Unis

Todd Friesen est pasteur de l’assemblée mennonite de East Chestnut Street à Lancaster, (Pennsylvanie, États-Unis). Un mois après PA 2015, il réfléchit sur l'expérience d'assister au Rassemblement pendant toute une semaine.

« Que seraient nos paroisses – et nos jeunes – sans ces aperçus du corps mondial du Christ, et sans l'expérience de faire partie de quelque chose de beaucoup plus grand que notre assemblée locale ?

Une semaine comme celle-ci fait éclater notre provincialisme et notre sentiment américain d'exceptionnalisme. Cet événement est une sorte de vaccination contre ces comportements, même si nous n’y sommes pas toujours sensibles. »

Impact sur les jeunes

« Nous ne pouvons pas minimiser l’énorme impact formateur de ces Rassemblements sur nos jeunes. J’ai assisté au Rassemblement à Strasbourg en 1984 quand j’avais 20 ans. Le chant et la louange m’ont fait une impression profonde. Je suis tellement reconnaissant que notre paroisse ait permis [financièrement] à notre groupe de jeunes de participer à PA 2015. Cela a été une expérience fantastique pour eux !

Se frotter aux réalités éternelles

« J’aime la façon dont nous avons voyagé d'un continent à l’autre pendant les cultes matin et soir. Les cieux seront plus riches et plus diversifiés que nous ne l’imaginons. Par cette expérience de l'Église mondiale, nous nous sommes frottés aux réalités éternelles.

Certains d'entre nous sont allés à Kansas City [lieu de la rencontre de Mennonite Church USA 2015] : pourquoi PA 2015 semble si différent ? À PA 2015, l'accent était mis sur l’adoration, nos témoignages, la communion fraternelle et le service. Nous étions là tout simplement pour être ensemble autour du Christ, le centre.

Et j’ai appris que dans notre grande diversité, il est probablement préférable de commencer par louer Dieu ensemble, servir les autres et parler de son vécu, plutôt que de se focaliser sur nos différences ou de débattre sur nos points de désaccord ».

Ce qui fait encore écho en moi

« Les voix des jeunes orateurs lors des cultes du matin ne me quitteront pas.

J’ai entendu des idées nouvelles, et riches, sur certains passages de l'Écriture.

Nous étions si heureux d'accueillir des personnes d’autres pays dans notre assemblée, dimanche, le dernier jour du PA 2015. De cette manière, nous pouvions tous – y compris ceux qui n’avaient pas assisté à l’Assemblée Réunie – nous rendre compte que chaque croyant a quelque chose de précieux à partager et que nous avions tous des préjugés profondément ancrés à surmonter ».

Un don durable

« Ma communion avec ces croyants d’ailleurs a fait d'eux mes interlocuteurs spirituels et émotionnels, même si je ne continue pas à parler avec eux. J’ai souvent en tête ce qu'ils pensent, ce qu'ils diraient ou feraient, et je peux m’en inspirer ».

Phyllis Pellman Good est écrivaine et consultante pour la CMM.

Photos de Paulus, Barbara, Mthokozisi et Morgen de Merle Good. Photo de Todd Friesen de Marilyn High.

 

 

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